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    Les mots sont venus me voir en rêve et m’ont chuchoté à voix basse.

    • Vois comme notre vie est devenue triste !
    • Certains d’entre nous sont martelés en boucle aux oreilles saturées d’humains qui ne les écoutent plus.
    • D’autres sont mis, serrés les uns contre les autres, en des recueils que les regards ne font que survoler, cherchant à économiser le trajet pour parvenir au plus vite au but, ce jus qu’ils prétendent extirper de nos corps et qu’ils nomment Le Sens.
    • Nos amis les poètes ont à peine le temps de nous recharger que des milliers de voix, de plumes ou de pixels nous rabotent le corps et nous vident de notre âme.
    • Les plus chanceux d’entre nous se retrouvent éclatés en des grilles où ils se croisent sans continuité et sans que rien ne se dise de leurs rencontres.

    Après quelques instants de silence pendant lesquels je m’efforçais de reprendre mes esprits, j’ai demandé aux mots pourquoi ils étaient venus à moi se plaindre, les interrogeant sur ce que je pouvais faire pour adoucir leur peine.

    Ils m’ont alors fait cette requête étrange :

    • Toi qui t’es essayé si maladroitement à la poésie, toi qui bricoles par jeu avec les formes de tous genres, ne peux-tu inventer un moyen pour ralentir la digestion du lecteur, pour que la caresse de sa langue sur nos corps soit moins brutale, plus attentive ?
    • Si tu es réellement notre ami, transforme les courses en promenades et même, si tu le peux, en petits bouts de ces errances que tu nommes des décourcis .

    Je me suis alors réveillé et, contrairement à ce qui se produit d’ordinaire, le rêve ne s’est pas estompé. Il s’est même fortifié et m’a conduit à chercher, durant le reste de la nuit, de quoi exaucer la prière des mots.

     

     Pour ce projet,  Christine Jeanney, Anna Jouy, André Rougier et Francis Royo ont demandé leur collaboration aux mots qu’ils avaient assemblés et déposé ici et  là[1].

     

     (Le projet se continue ici où il se mêle à d'autres flux)


     

     Quelques mots qui ont percuté le début du parcours : 

    "Les phrases défilent dans la flamme jaune et fuligineuse d'un briquet à essence qui lit à la vitesse de la lumière en brûlant l'être de papier."

    - Lucien Suel [2] « Théorie des orages » pages 17 et 18

     

    http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505292/theorie-des-orages …

     

    [1] Tentatives, MOTS SOUS L’AUBE, LES CONFINS  , analogos.org,

    [2] L’expression Slow Reading m'est venu de lui.


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